Jean avait servi son maître sept ans; il lui dit: « Monsieur, mon temps est fini; je voudrais retourner chez ma mère; payez-moi mes gages, s'il vous plaît. »
Son maître lui répondit: « Tu m'as bien et loyalement servi; la récompense sera bonne. « Et il lui donna un lingot d'or, gros comme la tête de Jean.
Jean tira son mouchoir de sa poche, enveloppa le lingot, et, le portant sur son épaule au bout d'un bâton, il se mit en route pour aller chez ses parents. Comme il marchait ainsi, toujours un pied devant l'autre, il vit un cavalier qui trottait gaillardement sur un cheval vigoureux. « Ah! se dit Jean tout haut à lui-même, quelle belle chose que d'aller à cheval! On est assis comme sur une chaise, on ne butte pas contre les cailloux du chemin, on épargne ses souliers, et on avance, Dieu sait combien! »
Le cavalier, qui l'avait entendu, s'arrêta et lui dit: « Hé! Jean, pourquoi donc vas-tu à pied?
- Il le faut bien, répondit-il; je porte à mes parents ce gros lingot; il est vrai que c'est de l'or, mais il n'en pèse pas moins sur les épaules.
- Si tu veux, dit le cavalier, nous changerons; je te donnerai mon cheval et tu me donneras ton lingot.
- De tout mon cœur, répliqua Jean; mais vous en aurez votre charge, je vous en avertis. »
Le cavalier descendit, et après avoir pris l'or, il aida Jean à monter et lui mit la bride à la main en disant: « Maintenant, quand tu voudras aller vite, tu n'as qu'à faire claquer la langue et dire: Hop! hop! »
Jean était dans la joie de son âme quand il se vit à cheval. Au bout d'un instant l'envie lui prit d'aller plus vite, et il se mit à claquer la langue et à crier: « Hop! hop! » Aussitôt le cheval se lança au galop, et Jean, avant d'avoir eu le temps de se méfier, était jeté par terre dans un fossé sur le bord de la route. Le cheval aurait continué de courir, s'il n'avait été arrêté par un paysan qui venait en sens opposé, chassant une vache devant lui. Jean, de fort mauvaise humeur, se releva comme il put et dit au paysan: « C'est un triste passe-temps que d'aller à cheval, surtout quand on a affaire à une mauvaise bête comme celle-ci, qui vous jette par terre au risque de vous rompre le cou; Dieu me préserve de jamais remonter dessus! A la bonne heure une vache comme la vôtre; on va tranquillement derrière elle, et par-dessus le marché on a chaque jour du lait, du beurre, du fromage. Que ne donnerais-je pas pour posséder une pareille vache!
- Eh bien, dit le paysan, puisque cela vous fait tant de plaisir, prenez ma vache pour votre cheval. » Jean était au comble de la joie. Le paysan monta à cheval et s'éloigna rapidement,
Jean chassait tranquillement sa vache devant lui, en songeant à l'excellent marché qu'il venait de faire: « Un morceau de pain seulement et je ne manquerai de rien, car j'aurai toujours du beurre et du fromage à mettre dessus. Si j'ai soif, je trais ma vache et je bois du lait. Que peut-on désirer de plus? »
A la première auberge qu'il rencontra, il fit une halte et consomma joyeusement toutes les provisions qu'il avait prises pour la journée; pour les deux liards qui lui restaient il se fit donner un demi-verre de bière, et, reprenant sa vache, il continua son chemin. On approchait de midi; la chaleur était accablante, et Jean se trouva dans une lande qui avait plus d'une lieue de long. Il souffrait tellement du chaud, que sa langue était collée de soif à son palais. « Il y a remède au mal, pensa-t-il; je vais traire ma vache et me rafraîchir d'un verre de lait. »
Il attacha sa vache à un tronc d'arbre mort, et, faute de seau, il tendit son chapeau: mais il eut beau presser le pis, pas une goutte de lait ne vint au bout de ses doigts. Pour comble de malheur, comme il s'y prenait maladroitement, la bête impatientée lui donna un tel coup de pied sur la tête, qu'elle l'étendit sur le sol, où il resta un certain temps sans connaissance.
Heureusement il fut relevé par un boucher qui passait par là, portant un petit cochon sur une brouette. Jean lui conta ce qui était arrivé. Le boucher lui fit boire un coup en lui disant: « Buvez cela pour vous réconforter; cette vache ne vous donnera jamais de lait: c'est une vieille bête qui n'est plus bonne que pour le travail ou l'abattoir. »
Jean s'arrachait les cheveux de désespoir: « Qui s'en serait avisé! s'écria-t-il. Sans doute, cela fera de la viande pour celui qui l'abattra; mais pour moi j'estime peu la viande de vache, elle n'a pas de goût. A la bonne heure un petit cochon comme le vôtre: voilà qui est bon sans compter le boudin!
- Écoutez, Jean, lui dit le boucher; pour vous faire plaisir, je veut bien troquer mon cochon contre votre vache.
- Que Dieu vous récompense de votre bonne amitié pour moi! » répondit Jean; et il livra sa vache au boucher. Celui-ci posant son cochon à terre, remit entre les mains de Jean la corde qui l'attachait.
Jean continuait son chemin en songeant combien il avait de chance: trouvait-il une difficulté, elle était aussitôt aplanie. Sur ces entrefaites, il rencontra un garçon qui portait sur le bras une belle oie blanche. Ils se souhaitèrent le bonjour, et Jean commença à raconter ses chances et la suite d'heureux échanges qu'il avait faits. De son côté, le garçon raconta qu'il portait un oie pour un repas de baptême. « Voyez, disait-il en la prenant par les ailes, voyez quelle lourdeur! il est vrai qu'on l'empâta depuis deux mois. Celui qui mordra dans ce rôti-là verra la graisse lui couler des deux côtés de la bouche.
- Oui, dit Jean, la soulevant de la main, elle a son poids, mais mon cochon a son mérite aussi. »
Alors le garçon se mit à secouer la tête en regardant de tous côtés avec précaution. « Écoutez, dit-il, l'affaire de votre cochon pourrait bien n'être pas claire. Dans le village par lequel j'ai passé tout à l'heure, on vient justement d'en voler un dans l'étable du maire. J'ai peur, j'ai bien peur que ce ne soit le même que vous emmenez. On a envoyé des gens battre le pays; ce serait pour vous une vilaine aventure, s'ils vous rattrapaient avec la bête; le moins qui pourrait vous en arriver serait d'être jeté dans un cul-de-basse-fosse.
- Hélas! mon Dieu, répondit le pauvre Jean, qui commençait à mourir de peur, ayez pitié de moi! il n'y a qu'une chose à faire: prenez mon cochon et donnez-moi votre oie.
- C'est beaucoup risquer, répliqua le garçon, mais, s'il vous arrivait malheur, je ne voudrais pas en être la cause. »
Et prenant la corde, il emmena promptement le cochon par un chemin de traverse, pendant que l'honnête Jean, dégagé d'inquiétude, s'en allait chez lui avec son oie sous le bras. « En y réfléchissant bien, se disait-il à lui-même, j'ai encore gagné à cet échange, d'abord un bon rôti; puis avec toute la graisse qui en coulera, me voilà pourvu de graisse d'oie pour trois mois au moins; enfin, avec les belles plumes blanches, je me ferai un oreiller sur lequel je dormirai bien sans qu'on me berce. Quelle joie pour ma mère! »
En passant par le dernier village avant d'arriver chez lui, il vit un rémouleur qui faisait tourner sa meule en chantant:
Son maître lui répondit: « Tu m'as bien et loyalement servi; la récompense sera bonne. « Et il lui donna un lingot d'or, gros comme la tête de Jean.
Jean tira son mouchoir de sa poche, enveloppa le lingot, et, le portant sur son épaule au bout d'un bâton, il se mit en route pour aller chez ses parents. Comme il marchait ainsi, toujours un pied devant l'autre, il vit un cavalier qui trottait gaillardement sur un cheval vigoureux. « Ah! se dit Jean tout haut à lui-même, quelle belle chose que d'aller à cheval! On est assis comme sur une chaise, on ne butte pas contre les cailloux du chemin, on épargne ses souliers, et on avance, Dieu sait combien! »
Le cavalier, qui l'avait entendu, s'arrêta et lui dit: « Hé! Jean, pourquoi donc vas-tu à pied?
- Il le faut bien, répondit-il; je porte à mes parents ce gros lingot; il est vrai que c'est de l'or, mais il n'en pèse pas moins sur les épaules.
- Si tu veux, dit le cavalier, nous changerons; je te donnerai mon cheval et tu me donneras ton lingot.
- De tout mon cœur, répliqua Jean; mais vous en aurez votre charge, je vous en avertis. »
Le cavalier descendit, et après avoir pris l'or, il aida Jean à monter et lui mit la bride à la main en disant: « Maintenant, quand tu voudras aller vite, tu n'as qu'à faire claquer la langue et dire: Hop! hop! »
Jean était dans la joie de son âme quand il se vit à cheval. Au bout d'un instant l'envie lui prit d'aller plus vite, et il se mit à claquer la langue et à crier: « Hop! hop! » Aussitôt le cheval se lança au galop, et Jean, avant d'avoir eu le temps de se méfier, était jeté par terre dans un fossé sur le bord de la route. Le cheval aurait continué de courir, s'il n'avait été arrêté par un paysan qui venait en sens opposé, chassant une vache devant lui. Jean, de fort mauvaise humeur, se releva comme il put et dit au paysan: « C'est un triste passe-temps que d'aller à cheval, surtout quand on a affaire à une mauvaise bête comme celle-ci, qui vous jette par terre au risque de vous rompre le cou; Dieu me préserve de jamais remonter dessus! A la bonne heure une vache comme la vôtre; on va tranquillement derrière elle, et par-dessus le marché on a chaque jour du lait, du beurre, du fromage. Que ne donnerais-je pas pour posséder une pareille vache!
- Eh bien, dit le paysan, puisque cela vous fait tant de plaisir, prenez ma vache pour votre cheval. » Jean était au comble de la joie. Le paysan monta à cheval et s'éloigna rapidement,
Jean chassait tranquillement sa vache devant lui, en songeant à l'excellent marché qu'il venait de faire: « Un morceau de pain seulement et je ne manquerai de rien, car j'aurai toujours du beurre et du fromage à mettre dessus. Si j'ai soif, je trais ma vache et je bois du lait. Que peut-on désirer de plus? »
A la première auberge qu'il rencontra, il fit une halte et consomma joyeusement toutes les provisions qu'il avait prises pour la journée; pour les deux liards qui lui restaient il se fit donner un demi-verre de bière, et, reprenant sa vache, il continua son chemin. On approchait de midi; la chaleur était accablante, et Jean se trouva dans une lande qui avait plus d'une lieue de long. Il souffrait tellement du chaud, que sa langue était collée de soif à son palais. « Il y a remède au mal, pensa-t-il; je vais traire ma vache et me rafraîchir d'un verre de lait. »
Il attacha sa vache à un tronc d'arbre mort, et, faute de seau, il tendit son chapeau: mais il eut beau presser le pis, pas une goutte de lait ne vint au bout de ses doigts. Pour comble de malheur, comme il s'y prenait maladroitement, la bête impatientée lui donna un tel coup de pied sur la tête, qu'elle l'étendit sur le sol, où il resta un certain temps sans connaissance.
Heureusement il fut relevé par un boucher qui passait par là, portant un petit cochon sur une brouette. Jean lui conta ce qui était arrivé. Le boucher lui fit boire un coup en lui disant: « Buvez cela pour vous réconforter; cette vache ne vous donnera jamais de lait: c'est une vieille bête qui n'est plus bonne que pour le travail ou l'abattoir. »
Jean s'arrachait les cheveux de désespoir: « Qui s'en serait avisé! s'écria-t-il. Sans doute, cela fera de la viande pour celui qui l'abattra; mais pour moi j'estime peu la viande de vache, elle n'a pas de goût. A la bonne heure un petit cochon comme le vôtre: voilà qui est bon sans compter le boudin!
- Écoutez, Jean, lui dit le boucher; pour vous faire plaisir, je veut bien troquer mon cochon contre votre vache.
- Que Dieu vous récompense de votre bonne amitié pour moi! » répondit Jean; et il livra sa vache au boucher. Celui-ci posant son cochon à terre, remit entre les mains de Jean la corde qui l'attachait.
Jean continuait son chemin en songeant combien il avait de chance: trouvait-il une difficulté, elle était aussitôt aplanie. Sur ces entrefaites, il rencontra un garçon qui portait sur le bras une belle oie blanche. Ils se souhaitèrent le bonjour, et Jean commença à raconter ses chances et la suite d'heureux échanges qu'il avait faits. De son côté, le garçon raconta qu'il portait un oie pour un repas de baptême. « Voyez, disait-il en la prenant par les ailes, voyez quelle lourdeur! il est vrai qu'on l'empâta depuis deux mois. Celui qui mordra dans ce rôti-là verra la graisse lui couler des deux côtés de la bouche.
- Oui, dit Jean, la soulevant de la main, elle a son poids, mais mon cochon a son mérite aussi. »
Alors le garçon se mit à secouer la tête en regardant de tous côtés avec précaution. « Écoutez, dit-il, l'affaire de votre cochon pourrait bien n'être pas claire. Dans le village par lequel j'ai passé tout à l'heure, on vient justement d'en voler un dans l'étable du maire. J'ai peur, j'ai bien peur que ce ne soit le même que vous emmenez. On a envoyé des gens battre le pays; ce serait pour vous une vilaine aventure, s'ils vous rattrapaient avec la bête; le moins qui pourrait vous en arriver serait d'être jeté dans un cul-de-basse-fosse.
- Hélas! mon Dieu, répondit le pauvre Jean, qui commençait à mourir de peur, ayez pitié de moi! il n'y a qu'une chose à faire: prenez mon cochon et donnez-moi votre oie.
- C'est beaucoup risquer, répliqua le garçon, mais, s'il vous arrivait malheur, je ne voudrais pas en être la cause. »
Et prenant la corde, il emmena promptement le cochon par un chemin de traverse, pendant que l'honnête Jean, dégagé d'inquiétude, s'en allait chez lui avec son oie sous le bras. « En y réfléchissant bien, se disait-il à lui-même, j'ai encore gagné à cet échange, d'abord un bon rôti; puis avec toute la graisse qui en coulera, me voilà pourvu de graisse d'oie pour trois mois au moins; enfin, avec les belles plumes blanches, je me ferai un oreiller sur lequel je dormirai bien sans qu'on me berce. Quelle joie pour ma mère! »
En passant par le dernier village avant d'arriver chez lui, il vit un rémouleur qui faisait tourner sa meule en chantant:
Je suis rémouleur sans pareil;
Tourne, ma roue, au beau soleil!
Tourne, ma roue, au beau soleil!
Jean s'arrêta à le regarder et finit par lui dire: « Vous êtes joyeux, à ce que je vois; il paraît que le repassage va bien?
- Oui, répondit le rémouleur, c'est un métier d'or. Un bon rémouleur est un homme qui a toujours de l'argent dans sa poche. Mais où avez-vous acheté cette belle oie?
- Je ne l'ai pas achetée, je l'aie eue en échange de mon cochon.
- Et le cochon?
- Je l'ai eu pour ma vache.
- Et la vache?
- Pour un cheval.
- Et le cheval?
- Pour un lingot d'or gros comme ma tête.
- Et le lingot?
- C'étaient mes gages pour sept ans de service.
- Je vois, dit le rémouleur, que vous avez toujours su vous tirer d'affaire. Maintenant il ne vous reste plus qu'à trouver un moyen d'avoir toujours la bourse pleine, et votre bonheur est fait.
- Mais comment faire? demanda Jean.
- Il faut vous faire rémouleur comme moi. Pour cela, il suffit d'une pierre à aiguiser; le reste vient tout seul. J'en ai une, un peu ébréchée il est vrai, mais je vous la céderai pour peu de chose, votre oie seulement. Voulez-vous?
- Cela ne se demande pas, répondit Jean; me voilà l'homme le plus heureux de la terre. Au diable les soucis, quand j'aurai toujours la poche pleine. »
Il prit la pierre et donna son oie en payement.
« Tenez, lui dit le rémouleur en lui donnant un gros caillou commun qui était à ses pieds, je vous donne encore une autre bonne pierre pardessus le marché; on peut frapper dessus tant qu'on veut; elle vous servira à redresser vos vieux clous. Emportez-la avec soin. »
Jean se chargea du caillou et s'en alla le cœur gonflé et les yeux brillants de joie: «Ma foi! s'écria-t-il, je suis né coiffé; tout ce que je désire m'arrive, ni plus ni moins que si j'étais venu au monde un dimanche! »
Cependant, comme il était sur ses jambes depuis la pointe du jour, il commençait à sentir la fatigue. La faim aussi le tourmentait; car, dans sa joie d'avoir acquis la vache, il avait consommé toutes ses provisions d'un seul coup. Il n'avançait plus qu'avec peine et s'arrêtant à chaque pas; la pierre et le caillou le chargeaient horriblement. Il ne put s'empêcher de songer qu'il serait bien heureux de n'avoir rien à porter du tout. Il se traîna jusqu'à une source voisine pour se reposer et se rafraîchir en buvant un coup; et, pour ne pas se blesser avec les pierres en s'asseyant, il les posa près de lui sur le bord de l'eau; puis, se mettant à plat ventre, il s'avança pour boire, mais sans le vouloir il poussa les pierres et elles tombèrent au fond. En les voyant disparaître sous ses yeux, il sauta de joie, et les larmes aux yeux, il remercia Dieu qui lui avait fait la grâce de le décharger de ce faix incommode sans qu'il eût rien à se reprocher. « Il n'y a pas sous le soleil, s'écria-t-il un homme plus chanceux que moi! » Et délivré de tout fardeau, le cœur léger comme les jambes, il continua son chemin jusqu'à la maison de sa mère.
- Oui, répondit le rémouleur, c'est un métier d'or. Un bon rémouleur est un homme qui a toujours de l'argent dans sa poche. Mais où avez-vous acheté cette belle oie?
- Je ne l'ai pas achetée, je l'aie eue en échange de mon cochon.
- Et le cochon?
- Je l'ai eu pour ma vache.
- Et la vache?
- Pour un cheval.
- Et le cheval?
- Pour un lingot d'or gros comme ma tête.
- Et le lingot?
- C'étaient mes gages pour sept ans de service.
- Je vois, dit le rémouleur, que vous avez toujours su vous tirer d'affaire. Maintenant il ne vous reste plus qu'à trouver un moyen d'avoir toujours la bourse pleine, et votre bonheur est fait.
- Mais comment faire? demanda Jean.
- Il faut vous faire rémouleur comme moi. Pour cela, il suffit d'une pierre à aiguiser; le reste vient tout seul. J'en ai une, un peu ébréchée il est vrai, mais je vous la céderai pour peu de chose, votre oie seulement. Voulez-vous?
- Cela ne se demande pas, répondit Jean; me voilà l'homme le plus heureux de la terre. Au diable les soucis, quand j'aurai toujours la poche pleine. »
Il prit la pierre et donna son oie en payement.
« Tenez, lui dit le rémouleur en lui donnant un gros caillou commun qui était à ses pieds, je vous donne encore une autre bonne pierre pardessus le marché; on peut frapper dessus tant qu'on veut; elle vous servira à redresser vos vieux clous. Emportez-la avec soin. »
Jean se chargea du caillou et s'en alla le cœur gonflé et les yeux brillants de joie: «Ma foi! s'écria-t-il, je suis né coiffé; tout ce que je désire m'arrive, ni plus ni moins que si j'étais venu au monde un dimanche! »
Cependant, comme il était sur ses jambes depuis la pointe du jour, il commençait à sentir la fatigue. La faim aussi le tourmentait; car, dans sa joie d'avoir acquis la vache, il avait consommé toutes ses provisions d'un seul coup. Il n'avançait plus qu'avec peine et s'arrêtant à chaque pas; la pierre et le caillou le chargeaient horriblement. Il ne put s'empêcher de songer qu'il serait bien heureux de n'avoir rien à porter du tout. Il se traîna jusqu'à une source voisine pour se reposer et se rafraîchir en buvant un coup; et, pour ne pas se blesser avec les pierres en s'asseyant, il les posa près de lui sur le bord de l'eau; puis, se mettant à plat ventre, il s'avança pour boire, mais sans le vouloir il poussa les pierres et elles tombèrent au fond. En les voyant disparaître sous ses yeux, il sauta de joie, et les larmes aux yeux, il remercia Dieu qui lui avait fait la grâce de le décharger de ce faix incommode sans qu'il eût rien à se reprocher. « Il n'y a pas sous le soleil, s'écria-t-il un homme plus chanceux que moi! » Et délivré de tout fardeau, le cœur léger comme les jambes, il continua son chemin jusqu'à la maison de sa mère.
Da Hans i syv år havde tjent sin herre, sagde han til ham: "Nu har jeg været her længe nok, nu ville jeg gerne hjem til min mor. Må jeg få min løn." - "Du har været en trofast og ærlig tjener," sagde herren, "og din løn skal også blive derefter." Derpå gav han ham en klump guld, der var lige så stor som hans hovede. Hans svøbte den ind i sit lommetørklæde, tog den på skulderen og begav sig på vej hjem. Mens han nu travede af sted og stadig satte det ene ben foran det andet, fik han øje på en rytter, der nok så fornøjet red af sted på en rask hest. "En hest er dog en dejlig ting," sagde han, "der sidder man ligeså mageligt som i en stol, støder ikke mod nogen sten og sparer på skoene og kommer af sted, man ved ikke selv hvordan." Rytteren som havde hørt, hvad han sagde, standsede og råbte: "Hvorfor går du på dine ben, Hans?" - "Det er jeg vel nødt til," svarede han, "her har jeg en ordentlig klump, som jeg skal slæbe hjem. Den er ganske vist guld, men jeg kan ikke holde hovedet lige for den, og den trykker mig også på skulderen." - "Ved du hvad," sagde rytteren, "skal vi bytte? Du får min hest, så får jeg dit guld." - "Med største fornøjelse," sagde Hans, "men jeg siger jer, det er en væmmelig tung klump." Rytteren steg nu ned, tog guldet, hjalp Hans op, gav ham tømmen i hånden og sagde: "Når det skal gå rigtig rask, skal du smække med tungen og sige hyp, hyp." Hans var sjæleglad, da han sad på hesten og nok så stolt red af sted. Lidt efter faldt det ham ind, at det skulle gå endnu hurtigere, og han gav sig til at smække med tungen og råbe hyp, hyp. Hesten satte i galop, og før Hans fik tid til at se sig om, lå han nede i grøften mellem marken og landevejen. Hesten ville også være tumlet derned, hvis ikke en bonde, som kom trækkende med en ko, havde grebet fat i den. Hans samlede sig op og kom igen på benene. Men han var meget gnaven og sagde til bonden: "Det er en dyr spas at ride, især når man har fået sådan en mær, som støder og smider en af, så man er lige ved at brække halsen. Jeg sætter mig aldrig i livet op på den mere. Nej, da priser jeg eders ko. Den kan man i ro og mag gå bagved, og så får man oven i købet både mælk og smør og ost." - "Når I synes så godt om den, vil jeg såmænd gerne bytte med jer," sagde bonden. Hans var himmelhenrykt, og bonden sprang op på hesten og red af sted i en fart.
Hans drev roligt af sted med sin ko og tænkte over det heldige bytte. "Selv om jeg kun har et stykke brød, og det vil jeg dog vel aldrig mangle, så kan jeg, så tit jeg har lyst, spise smør og ost dertil, og hvis jeg er tørstig behøver jeg bare at malke koen, så har jeg mælk. Hvad kan man forlange mere." Da han kom til en kro, tog han derind, spiste i sin store glæde alt, hvad han havde hos sig, både middags- og aftensmad, og købte for sin sidste skilling et halvt glas øl. Så gik han videre med sin ko for at komme hjem til sin mors landsby. Efterhånden som middagen nærmede sig, blev det varmere og varmere, og Hans var midt på en hede, som han vel ikke kom ud af i den første time. Han var så varm og tørstig, at tungen klæbede fast i ganen. "Den sorg kan jo nok slukkes," tænkte han, "nu malker jeg min ko og drikker mælken." Han bandt den ved et vissent træ, og da han ikke havde nogen spand, holdt han sin læderhue under koen. Men hvor meget han end anstrengte sig, kom der ikke en eneste dråbe mælk. Og fordi han bar sig så kejtet ad, blev dyret utålmodig og gav ham et spark i hovedet med bagbenet, så han tumlede om, og en tid var rent fra det. Heldigvis kom der netop en slagter forbi med en lille gris på en trillebør. "Hvad er der dog i vejen," råbte han og hjalp den skikkelige Hans på benene igen. Hans fortalte nu, hvordan det var gået til, og slagteren rakte ham sin flaske og sagde: "Drik kun, så kommer I til kræfter igen. Den ko giver såmænd aldrig mælk. Det er et gammelt kræ, der i det højeste kan bruges til at slagtes eller til trækdyr." - "Hvem skulle have troet det," sagde Hans og strøg med hånden over håret, "det giver jo rigtignok en dejlig mængde kød, når man slagter sådan et dyr. Men for resten bryder jeg mig ikke videre om oksekød, det er ikke saftigt nok. Nej, bare jeg havde sådan en lille gris. Den smager rigtignok anderledes, og så får man oven i købet pølser." - "Hør nu, Hans," sagde slagteren, "for at føje jer vil jeg bytte, så kan I få grisen for koen." - "Gud velsigne jer," sagde Hans, fik grisen ned af trillebøren og tog den snor, den var bundet med, i hånden.
Han drog nu videre, mens han tænkte på, hvordan alt gik efter ønske. Hvis det gik ham lidt skævt, blev det straks godt igen. Kort efter slog han følge med en fyr, der havde en dejlig hvid gås under armen. De sagde goddag til hinanden, og Hans fortalte, hvor godt det var gået ham, og hvor fordelagtig han hele tiden havde byttet. Den anden fortalte, at han skulle hen med gåsen til et barselsgilde. "Løft engang, hvor den er tung," sagde han og tog den i vingerne, "men den er også blevet fedet i otte uger. Når man sætter tænderne i den, løber fedtet ud af begge mundvige. "Ja," sagde Hans og vejede den i den ene hånd, "men mit svin mangler heller ikke noget." Knøsen så på det fra alle sider og rystede lidt betænkeligt på hovedet. "Hør," sagde han, "det er ikke rigtig fat med det svin. Jeg kommer lige fra en landsby, hvor der er blevet stjålet et fra sognefogeden. Jeg er en lille smule bange for - ja det er jeg virkelig - at det er det, som I har der. Der er sendt folk ud efter tyven, og det ville jo være en slem historie, hvis de fik fat på jer med svinet. Så bliver I i det allermindste puttet i det sorte hul." Den skikkelige Hans blev bange. "Gud fri mig," råbte han, "hjælp mig dog. I er bedre kendt her. Tag mit svin og lad mig få gåsen." - "Det er jo en lidt farlig historie," svarede den unge fyr, "men jeg vil dog ikke være skyld i, at I kommer galt af sted." Derpå tog han tovet i hånden og drev svinet ned ad en sidevej, og Hans gik let om hjertet af sted igen. "Når jeg rigtig tænker mig om, kan jeg stå mig godt ved byttet," tænke han, "for det første har jeg den gode steg og så fedtet, som drypper ud. Jeg kan få fedtemad et fjerdingår. Så er der også de smukke hvide fjer, dem stopper jeg i min hovedpude, så sover jeg bestemt dejligt. Hvor mor vil blive glad!"
Da han kom til den sidste landsby, stod der en skærsliber ved sin kærre. Hjulet snurrede rundt, og han sang:
"Sakse jeg sliber, så herligt de skærer,
kappen på begge skuldre jeg bærer."
kappen på begge skuldre jeg bærer."
Hans blev stående og så på ham, og til sidst sagde han: "Det går jer nok godt, siden I synger så glad til jeres arbejde." - "Ja, det kan I tro," svarede skærsliberen, "det håndværk giver guld. En rigtig skærsliber behøver blot at stikke hånden i lommen for at få penge. Men hvor har I købt den dejlige gås?" - "Den har jeg ikke købt, jeg har byttet mig til den for et svin." - "Og svinet?" - "Det har jeg fået for en ko." - "Og koen?" - "Den har jeg fået for en hest." - "Og hesten?" - "Den har jeg fået for en klump guld så stor som mit hovede." - "Og guldet?" - "Det var min løn for syv års tjeneste." - "I har rigtignok forstået at klare jer," sagde skærsliberen, "hvis I nu også kunne bringe det så vidt, at pengene raslede i jeres lomme, når I rejste jer, så havde I rigtignok gjort jeres lykke." - "Jamen hvordan skal jeg bære mig ad med det," sagde Hans. "I skal blive skærsliber. Man behøver i grunden ikke andet end en slibesten, det andet kommer af sig selv. Jeg har en her, som rigtignok er lidt beskadiget, men derfor skal I heller ikke give andet for den end eders gås. Vil I gå ind på det?" - "Det var også noget at spørge om," sagde Hans, "jeg bliver jo det lykkeligste menneske på jorden. Når jeg har penge, hver gang jeg stikker hånden ned i lommen, behøver jeg jo aldrig at gøre mig bekymringer." Han rakte ham gåsen og fik slibestenen til gengæld. Skærsliberen tog så en ganske almindelig kampesten, der lå på jorden ved siden af ham, og gav ham den. "Her har I en til," sagde han, "den kan man ordentlig hamre på og slå gamle, krumme søm lige igen. Bær den nu forsigtigt."
Han tog stenen og gik videre, strålende af glæde. "Jeg må være født med sejrsskjorte på," råbte han, "alt, hvad jeg ønsker mig, får jeg, som om jeg var et søndagsbarn." Han begyndte imidlertid at blive træt, han havde jo været på benene fra den tidlige morgen. Sulten var han også, og i sin glæde over koen havde han jo spist al sin mad. Han kunne næsten ikke gå mere og måtte standse hvert øjeblik; stenene var også så tunge at bære på, at han kunne ikke lade være med at tænke, hvor rart det ville være, hvis han ikke behøvede at slæbe dem. Ganske langsomt sneglede han sig hen til en brønd for at hvile sig der og læske sig med det friske vand. For at han ikke skulle gøre stenene noget, når han satte sig ned, lagde han dem forsigtigt på kanten af brønden. Så satte han sig ned, men da han ville bukke sig frem og drikke, kom han til at støde lidt til stenene, så de plumpede i vandet. Da Hans med egne øjne havde set dem forsvinde i dybet, blev han jublende glad, faldt på knæ og takkede Gud med tårer i øjnene for den nåde, han havde vist ham, ved at befri ham fra den tunge byrde, som bare havde været til besvær, uden at han havde det ringeste at bebrejde sig. "Jeg er det lykkeligste menneske under solen," råbte han. Og let om hjertet, fri for enhver byrde, løb han af sted hjem til sin mor.