L'homme à la peau d'ours


Pele de urso


Il y avait une fois un jeune gaillard qui s'était engagé dans l'armée et qui s'y comporta vaillamment; il était toujours le premier à l'assaut quand les autres hésitaient sous les balles. Tant que dura la guerre, tout alla bien pour lui; mais une fois la paix conclue, il reçut son congé et s'entendit signifier par son capitaine d'aller où bon lui semblerait. Ses parents étaient morts; il était sans foyer. Alors il se rendit auprès de ses frères, auxquels il demanda de l'héberger jusqu'à la prochaine guerre.
- Que veux-tu que nous fassions de toi ici? lui répondirent les frères, qui avaient le cœur sec et dur. Tu ne peux nous être utile en rien, et tu n'as qu'à veiller toi-même à te tirer d'affaire. Nous ne pouvons pas t'aider.
N'ayant à lui rien d'autre que son fusil, le soldat se le mit à l'épaule et s'en alla par le vaste monde. Arrivé dans une grande plaine où il n'y avait qu'un seul bouquet d'arbres, il s'y achemina et s'y laissa tomber tristement à l'ombre, songeant à son misérable destin. « Sans argent, sans métier, que puis-je devenir? se disait-il. Je ne sais que combattre, et maintenant que la paix est conclue, ils n'ont plus besoin de moi. Hélas je vois qu'il faut crever de faim! »
Entendant tout à coup un bruissement derrière lui, il se retourna et vit un inconnu planté là, tout habillé de vert, l'air cossu, mais avec un pied de cheval du plus affreux effet.
- Je sais déjà ce qu'il te manque, déclara l'homme. L'argent et le confort: tu en auras autant que tu voudras et pourras en vouloir; mais il me faut, avant, savoir si tu n'es pas poltron, car je ne tiens pas à gâcher mon or.
- Peureux et soldat, cela ne va pas ensemble, répondit-il. Tu n'as qu'à me mettre à l'épreuve.
- Parfait, dit l'homme: retourne-toi!
Le soldat regarda et vit un ours de grosse taille qui arrivait sur lui en grognant furieusement.
- Holà! s'exclama le soldat, je vais te passer ton envie de grogner en te chatouillant un peu le nez à ma manière!
Épaulant et tirant, il toucha l'ours en plein museau et l'abattit au sol, où il resta sans bouger.
- Il est clair que tu ne manques pas de courage, dit l'homme inconnu; mais il y a encore une condition à remplir.
- Tant qu'elle ne nuira pas à mon salut éternel, dit le soldat, qui avait bien compris à qui il avait affaire, je n'ai rien contre.
- Tu en jugeras par toi-même, rétorqua l'homme vert. Au long des sept années qui viennent, tu dois ne pas te laver, ne pas te peigner les chevaux ou la barbe, ne pas te couper les ongles et ne dire aucune patenôtre; et puis le costume et le manteau que je vais te donner, tu devras les porter tout le temps. Si tu meurs dans le cours de ces sept années, tu es à moi; si tu restes en vie, par contre, tu seras libre et riche jusqu'à la fin de tes jours.
Le soldat repensa à sa grande misère actuelle, et comme il ne craignait pas la mort, lui qui s'y était exposé si souvent, il décida de prendre le risque cette fois encore et accepta la proposition. Le Diable enleva son habit vert pour le lui donner.
- Tant que tu porteras cet habit, lui dit-il, tu auras de l'or en poche, même si tu le dépenses à pleines mains.
Ensuite, il prit la peau de l'ours, qu'il dépouilla en un tournemain, et il la lui remit.
- Ce sera ton manteau et ton lit, lui dit-il. Tu ne dois pas dormir autrement, ni te couvrir avec autre chose. Mais ce costume te vaudra d'être appelé partout Peau-d'Ours.
Ces mots dits, le Diable avait disparu.
Le soldat revêtit l'habit vert et mit aussitôt la main à la poche: c'était exact, l'or y était. Il se jeta ensuite la peau d'ours sur le dos et partit dans le vaste monde, où il ne se priva pas de rien de ce qui pouvait lui faire plaisir, et que lui procurait l'argent. Et je vous prie de croire qu'il s'en donna à cœur joie: tant que cela lui faisait du bien à lui et du mal à sa bourse, il pouvait y aller!
Pendant la première année, ce fut encore supportable, mais déjà la seconde année, il avait l'air d'un monstre: ses cheveux lui retombaient jusque sur la figure, la cachaient à moitié; sa barbe ressemblait à du feutre rugueux; ses ongles étaient comme des griffes de rapace; quant à la peau de sa figure, elle portait une telle couche de crasse, que si l'on y avait semé de l'herbe elle y aurait poussé! Les gens fuyaient à sa vue; mais comme il donnait partout de l'argent aux pauvres, en leur demandant de prier pour lui, et comme aussi il payait tout fort largement, il arrivait encore à se faire héberger partout. Au bout de quatre ans, par contre, il vint un jour dans une auberge où l'hôtelier lui refusa l'entrée et ne voulut même pas le laisser coucher dans l'écurie, de peur d'en rendre ses chevaux ombrageux. Mais après que Peau-d'Ours eut mis la main à la poche pour la sortir pleine de ducats, l'aubergiste se laissa convaincre et lui donna une chambre sur l'arrière-cour, à la condition expresse, toutefois, qu'il ne se montrerait à personne, afin de ne pas ruiner la réputation de la maison.
Seul dans sa chambre, le soir, Peau-d'Ours était en train de souhaiter de tout son cœur que finissent les sept années, quand il entendit qu'on gémissait et pleurait tout haut dans une chambre voisine. N'écoutant que son bon coeur, il alla en ouvrir la porte et vit un vieillard qui se tordait les mains de désespoir et qui pleurait à grands sanglots. Peau-d'Ours voulut s'avancer vers lui, mais dès qu'il l'aperçut, le vieil homme fut pris d'épouvante et voulut fuir; en entendant pourtant une voix humaine, il s'apaisa un petit peu; Peau-d'Ours, à force de paroles amicales, réussit à obtenir qu'il lui découvrît la cause de son grand chagrin. Ses moyens avaient fondu petit à petit; lui-même et ses filles en étaient réduits à mourir de faim désormais, car il était si pauvre qu'il n'avait même plus de quoi payer son auberge, et il devrait aller en prison!
- Si ce sont là vos seuls soucis, répondit Peau-d'Ours, vous pouvez vous tranquilliser: de l'argent, j'en ai plus qu'il n'en faut.
Il fit venir l'aubergiste pour lui régler sa note, et il glissa encore une bourse pleine d'or dans la poche du malheureux. Débarrassé de ses soucis, le vieil homme ne savait plus comment remercier son bienfaiteur.
- Venez avec moi, lui dit-il. Mes filles sont des merveilles de beauté, et vous en prendrez une comme épouse: quand elle saura ce que vous avez fait pour moi, elle ne voudra pas refuser. Il est vrai que vous avez bien l'air un peu étrange, mais elle aura tôt fait de vous arranger convenablement!
Peau-d'Ours, enchanté de cette offre, suivit le vieillard jusque chez lui. Mais la fille aînée, en le voyant, fut frappée d'une telle terreur qu'elle poussa un cri et se sauva. La deuxième, elle, était restée et elle l'examina de la tête aux pieds avant de dire:
- Comment prendrais-je pour mari un être qui n'a pas figure humaine? J'aime encore mieux l'ours rasé qu'on nous a montré un jour, déguisé en homme: il portait au moins une veste de hussard et des gants blancs! Quand il n'y a que la laideur, on peut encore, à la rigueur, arriver à s'y habituer...
- Mon cher père, dit alors la cadette, il faut qu'il soit brave homme pour vous avoir secouru comme il l'a fait dans votre grande détresse; et puisque vous lui avez promis une fiancée en retour, votre parole doit être honorée.
Dommage que la crasse et le poil eussent couvert entièrement la figure de Peau-d'Ours, car sans cela, on eût vu s'illuminer ses traits de la grande joie que ces paroles lui avaient mise au coeur, et tout l'amour dont il débordait! Il tira la bague qu'il avait à son doigt et la brisa en deux, pour en donner la moitié à sa fiancée et garder l'autre pour lui. Celle qu'il garda portait gravé le nom de sa fiancée, et celle de sa fiancée était gravée de son nom à lui. Quand il eut écrit les deux noms et tendu à sa fiancée la demi-bague, qu'il lui recommanda de bien garder, il prit congé et s'en alla en lui disant:
- Tu dois m'attendre encore trois ans, pendant lesquels je dois poursuivre mon errance à travers le monde. Si je reviens, alors nous célébrerons notre mariage; si je ne reviens pas, c'est que je serai mort, et donc tu seras libre. Mais prie Dieu qu'il me garde la vie!
La pauvre fiancée s'habilla de noir et les larmes lui venaient aux yeux quand elle pensait à son fiancé, alors que ses deux sœurs lui décochaient les moqueries les plus cruelles. « Fais attention! lui disait l'aînée, quand tu lui donneras ta main, il va te la broyer dans sa patte d'ours! » Et la seconde sœur renchérissait: « Prends garde! les ours aiment les douceurs: si tu lui plais, il va te dévorer! » L'aînée reprenait: « Si tu ne veux pas qu'il se mette à grogner, ton animal, il te faudra lui faire ses quatre volontés et bien lui obéir en toutes choses! » Puis l'autre sœur ajoutait: « N'empêche que la noce sera joyeuse: les ours savent très bien danser! »
La fiancée les écoutait dire sans leur répondre, ne se laissant pas du tout entamer. Peau-d'Ours, pendant ce temps, poursuivait ses pérégrinations et s'en allait de place en place, sans oublier de faire le bien aussi souvent qu'il en trouvait l'occasion, donnant généreusement aux pauvres et attendant beaucoup de leurs prières. Puis à la fin des fins, lorsque fut arrivé le dernier jour des sept années, il était revenu dans la grande plaine et s'était assis sous le bouquet d'arbres. Bientôt il entendit comme un soupir du vent, et le Diable se tint devant lui, l'observant d'un air déçu; puis il lui lança ses vieilles hardes et réclama son habit vert.
- Pas si vite! dit le soldat. Avant que nous arrivions là, il faut encore que tu me fasses ma toilette et que je redevienne propre!
Bon gré, mal gré, le Diable dut s'exécuter, apporter de l'eau, laver et nettoyer l'ours encrotté, lisser sa barbe, peigner ses cheveux, tailler ses ongles, bref lui rendre son air de vaillant guerrier revenant de la guerre; et à la vérité, le soldat se retrouva beaucoup mieux qu'il ne l'était sept ans plus tôt.
Lorsque tout fut heureusement terminé, et le Diable parti, celui qui avait été l'horrible Peau-d'Ours se sentit le coeur léger et tout joyeux. Il se rendit à la ville, s'acheta un magnifique habit de velours, prit place dans un carrosse attelé de quatre chevaux blancs et se fit conduire à la demeure de sa fiancée. Personne ne l'y reconnut, et le vieux père le prit pour un officier libéré de l'armée; il l'introduisit dans la pièce où se tenaient ses filles. Les deux aînées s'empressèrent autour de lui, le firent asseoir entre elles, lui servirent du vin et tout ce qu'il y avait de meilleur à offrir, car elles se disaient l'une et l'autre, en secret, qu'elles n'avaient jamais vu de plus bel homme. Sa fiancée, pendant ce temps, se trouvait assise en face, les yeux baissés dans son vêtement de deuil, sans prononcer une parole. Lorsque le visiteur finit par demander au vieux père s'il consentait à lui donner sa fille en mariage, les deux aînées ne firent qu'un saut jusqu'à leur chambre pour s'y parer et revenir dans leurs plus beaux atours: aucune des deux ne doutait, en effet, d'être la préférée. Mais l'inconnu, dès qu'il fut seul avec sa fiancée, prit la demi-bague qu'il gardait dans sa poche et la fit tomber dans une coupe de vin, qu'il poussa vers elle de l'autre côté de la table. Elle n'avait pas vu son geste, mais lorsqu'elle eut vidé la coupe et trouvé l'anneau brisé dans le fond, elle tressaillit en rougissant. A son tour, elle prit le fragment qu'elle avait en sautoir à son cou, l'appliqua contre l'autre et constata qu'ils s'adaptaient parfaitement.
- Oui, c'est moi, lui dit-il, le fiancé que tu as connu dans sa peau d'ours et qui a, grâce à Dieu, retrouvé son air humain et sa netteté sans souillure!
Tout en parlant, il s'était levé pour aller à elle, la prendre dans ses bras et lui donner le premier baiser de son grand amour.
Les deux sœurs, en grande toilette, firent leur entrée à ce moment; et quand elles virent que le beau cavalier avait choisi leur cadette, elles n'en crurent pas leurs yeux; mais lorsqu'elles apprirent que ce bel homme n'était autre que Peau-d'Ours, le tant méprisé, elles furent prises d'une rage folle et s'enfuirent en courant vers la mort: l'une se noya en se jetant dans le puits; l'autre se pendit à la branche d'un arbre.
Le même soir, on frappa à la porte, et le fiancé alla ouvrir: c'était le Diable Vert, serré dans son habit, qui déclara:
- Eh bien, tu vois! A la place de la tienne, ce sont deux âmes que j'ai eues!
Houve, uma vez, um rapaz, ainda imberbe, mas muito corajoso, chamado Miguel. Desde criança desejava ser soldado e, ao chegar à idade própria, alistou-se. Logo rebentou a guerra e ele portou-se com a maior bravura; era sempre o primeiro onde o perigo era maior. Quando acabou a guerra, o exército foi licenciado e Miguel despedido, recebendo pequena soma de dinheiro em paga pelos serviços prestados.
Durante esse tempo, seus pais haviam morrido e Miguel não tinha mais um lar; então foi procurar os irmãos, pedindo-lhes que o deixassem ficar em sua companhia até que viesse nova guerra. Os irmãos, porém, muito maus de coração, disseram:
- Que faremos contigo? Não entendes nada dos trabalhos do campo e não há lugar para ti; arranja-te como puderes.
O pobre soldado nada mais tinha no mundo senão a espingarda; pôs a arma a tiracolo e, muito triste e desanimado, foi andando ao acaso, sem saber como ganhar o pão. Chegou a um grande descampado, onde só se viam algumas árvores formando um círculo; sentou-se à sombra delas e pôs-se a cismar na sua amarga sorte: "Não tenho dinheiro, não aprendi outra coisa senão lidar com armas e agora, estando concluída a paz, ninguém precisa de mim; se começo a mendigar, dirão que sou forte e é uma vergonha estender a mão. Vejo, pois, que tenho de morrer de fome...
Nisto ouviu um forte ruído; olhando em redor, viu a dois passos um desconhecido trajando um casaco verde, com ares de fidalgo, mas um de seus pés era um monstruoso casco de cavalo. Plantou-se-lhe em frente e disse:
- Sei o que te falta; terás dinheiro e riquezas para gastar à vontade mas, primeiro, quero saber se és corajoso para não gastar inutilmente o meu dinheiro.
- Um soldado e medo são coisas impossíveis de combinar! - respondeu Miguel. - Podes pôr-me à prova.
- Muito bem, - disse o desconhecido, - olha para atrás de ti.
Miguel voltou-se e viu, a poucos passos, um enorme urso, que avançava rosnando para ele.
- Oh, espera que vou coçar-te o nariz e fazer-te perder a vontade de rosnar.
E, apontando a espingarda com a maior tranquilidade, deu um tiro certeiro no focinho do animal, fazendo-o cair fulminado.
- Muito bem, - disse o desconhecido; - vejo que não te falta coragem; mas há ainda outra condição a preencher.
- Contanto que não prejudique a salvação da minha alma, aceito-a, - disse Miguel, sabendo quem tinha na frente, - do contrário não contes comigo.
- Tu mesmo o verás, - respondeu o desconhecido. - Durante os próximos sete anos, não te lavarás, nem te pentearás, não deves cortar os cabelos, as unhas nem a barba e, tampouco, deves dizer um único Padre-Nosso. Se morreres nesse intervalo, a tua alma será minha; se não morreres, então serás livre e rico pelo resto da tua vida.
Miguel pensou na grande miséria em que se achava e como tinha enfrentado a morte tantas vezes; quis desafiá-la mais uma vez e concordou.
O diabo, então, (porque era bem ele), despiu o casaco verde, entregou-o ao soldado, dizendo:
- Com este casaco no corpo, sempre que puseres a mão no bolso tê-la-ás cheia de dinheiro.
Em seguida, tirou a pele do urso e disse:
- Esta pele será o teu capote, bem como a tua cama, pois nela e em nenhuma cama deverás dormir. Graças a esse capote, te chamarás Pele de Urso.
Disse isso e desapareceu.
Miguel vestiu logo o capote e meteu a mão no bolso, constantando que era verdadeiro o que dissera o diabo. Cobrindo-se com a pele de urso, pôs-se a caminho para correr mundo; foi um bom camarada e não desprezava nada que lhe pudesse proporcionar o dinheiro.
No primeiro ano tudo correu mais ou menos bem, mas no segundo, foi uma calamidade; ele parecia um monstro. Os cabelos formavam uma carapinha nojenta, cobrindo-lhe parte do rosto; a barba muito comprida parecia um pedaço de feltro velho; as unhas transformaram-se em garras aduncas e o rosto estava de tal forma sujo que se poderia nele plantar agrião o qual certamente cresceria bem. As pessoas que encontrava fugiam dele espavoridas; contudo, dava muito dinheiro aos pobres para que rezassem por ele, pedindo a Deus que o não deixasse morrer antes dos sete anos; além disso, pagava regiamente e, nas hospedarias, encontrava sempre hospitalidade.
No quarto ano daquela estranha vida, chegou certo dia, muito cansado, a uma hospedaria desconhecida. O hospedeiro recusou-se a recebê-lo. Miguel então pediu que o deixasse descansar na cocheira, mas o hospedeiro nem isso queria permitir, alegando que iria espantar os cavalos. Mas quando Miguel meteu a mão no bolso e tirou um punhado de moedas de ouro, o hospedeiro abrandou e deu-lhe um quartinho nos fundos da casa, fazendo-lhe prometer que não se mostraria para que a casa não perdesse o bom renome que gozava.
A noite, sozinho no seu quartinho, Miguel, sentado, muito tristonho, desejava com todo o coração que esses sete anos tivessem fim, quando ouviu choros e gemidos no quarto próximo. Levado pelo seu coração compassivo, foi informar-se; abriu a porta e dou com um velho puxando os cabelos e chorando desesperadamente. Aproximou-se dele, mas o velho assustou-se e quis fugir. Finalmente, ouvindo uma voz humana e bondosa, deixou-se persuadir. Animando-o gentilmente, Miguel levou-o a contar a causa de seus sofrimentos. Revezes de fortuna tinham-lhe feito perder todos seus bens, ele e suas filhas padeciam fome, era tão pobre que nem sequer tinha com que pagar a pequena despesa na hospedaria e por isso seria certamente levado à prisão.
- Se não tendes maiores aborrecimentos, - disse Miguel, - eu tenho dinheiro bastante para ajudar-vos.
Mandou chamar o hospedeiro, pagou-lhe toda a conta e ainda deu ao velho uma bolsa cheia de moedas de ouro. Vendo-se livre de todos os apuros, o velho não sabia como demonstrar-lhe gratidão.
- Vem comigo, - disse, - minhas filhas são maravilhosamente belas, poderás escolher uma delas para tua esposa. Teu aspecto é um tanto esquisito e pouco animador, mas, quando minhas filhas souberem o que fizeste por mim e por elas, nenhuma hesitará em casar contigo. Depois ela te porá em melhores condições.
Miguel aceitou a proposta muito contente e acompanhou o velho até à sua morada. Quando entraram, a filha mais velha, ao ver Miguel de perto, deu um grito de espanto e fugiu a toda pressa.
A segunda, mais corajosa, examinou-o dos pés à cabeça, depois disse:
- Como é possível casar com um homem que nem figura humana tem? Prefiro casar-me com o urso rapado que passou por aqui uma vez e, fingindo que era um homem, usava um belo uniforme de hussardos e luvas brancas. Se fosse somente feio, ainda me habituaria com u sua fealdade, mas...
A filha mais nova, entretanto, aproximou-se e disse:
- Meu pai, ele deve ser um homem muito bom, desde que te socorreu na tua aflição; se em troca da sua generosidade lhe prometeste uma das tuas filhas, tens de manter a palavra dada.
Infelizmente, o rosto de Miguel estava tão coberto de sujeira e de cabelos, que ninguém pôde perceber a alegre emoção que nele se refletia ao ouvir essas palavras. Tirou do dedo um anel de ouro, quebrou-o em duas partes iguais e deu uma à jovem, ficando com a outra; na metade que ficava com ela, inscreveu o seu nome, e na que ficava com ele, o nome dela, pedindo-lhe que guardasse bem essa metade do anel. Depois despediu-se, dizendo:
- Sou obrigado a peregrinar ainda durante três anos se, então, passado ainda um mês, eu não aparecer, estás livre, porque morri. Mas pede a Deus que me conserve a vida para que sejamos felizes.
A noiva vestiu-se de preto, declarando que não se vestiria de outra cor até que Miguel voltasse; quando pensava em Miguel, na repulsão que ele inspirava, vinham-lhe as lágrimas aos olhos. As irmãs não paravam de caçoar dela, zombando:
- Toma cuidado, - dizia a mais velha, - se lhe dás a mão ele te baterá com a pata.
- Fica atenta, - dizia a outra, - os ursos são doidos por doces; quando comeres doces, cede-lhe a tua parte, se não come-te.
- Terás de fazer sempre a sua vontade, - tornava a primeira, - se não põe-se a rosnar.
E a segunda replicava:
- O casamento será divertido, sem dúvida; os ursos dançam admiravelmente.
A noiva calava-se, não se deixando sugestionar e pedia com fervor a Deus que protegesse o noivo. Este continuou a sua vida errante, de um lugar para outro, fazendo por toda parte todo o bem possível, dando largamente esmolas aos pobres para que rezassem por ele.
Quando finalmente chegou o dia em que completava os sete anos de cativeiro, voltou ao descampado e foi sentar-se sob as árvores em círculo. Não tardou muito, uma forte rajada de vento fez curvar as árvores até ao chão. O diabo estava na frente dele, fitando-o muito mal- humorado; atirou-lhe seu velho casaco, dizendo:
- Vamos, anda logo, dá-me o meu casaco verde.
- Devagar, devagar, - respondeu Miguel; - primeiro tens de pôr-me tal como eu era antes.
De boa ou má vontade, o diabo teve de ir buscar água, lavá-lo, penteá-lo e aparar-lhe as unhas. Terminada a operação, Miguel apareceu muito mais bonito do que antes, tão garboso e imponente que até parecia um general.
E seguida, o diabo retirou-se sempre furioso e Miguel sentiu o coração completamente aliviado. Dirigiu- se à cidade e mandou confeccionar uma vistosa roupa de veludo e rendas, de grande fidalgo; tomou uma carruagem atrelada com quatro soberbos cavalos brancos e foi à casinha da noiva. Ninguém o reconheceu; o velho, que o tomava por um oficial dos mais graduados, levou-o para a sala onde estavam as filhas.
Foi convidado a sentar-te entre as duas mais velhas; estas serviam-lhe o melhor vinho e os melhores petiscos, achando que nunca haviam visto em toda a vida um homem tão belo quanto ele.
A noiva, porém, sentada em frente dele, vestida de preto, não erguia os olhos e não abria a boca para dizer uma só palavra. Terminado o almoço Miguel perguntou ao velho se queria dar-lhe uma das filhas por esposa As duas mais velhas, ao ouvirem isso, correram para os quartos a se enfeitarem com os mais belos adornos, cada qual com a esperança de ser a preferida. Assim que ficou só com a noiva, Miguel pegou a metade do anel que guardara consigo e deixou-o cair dentro de um copo de vinho; apresentou depois o copo à noiva dizendo que queria beber à sua saúde. Ela aceitou o copo e bebeu; quando acabou viu brilhar qualquer coisa no fundo e logo reconheceu a metade do anel. Muito comovida e o coração a pulsar doidamente, tirou do peito a outra metade do anel que trazia suspensa numa fita; aproximou as duas metades e viu que se completavam perfeitamente.
- Minha querida, - disse ele, - eu sou o noivo e tu o conheceste como o Pele de Urso; mas, por graça de Deus, recuperei a figura humana e estou inteiramente limpo daquela imundície que me recobria todo. Agora voltei para te desposar.
Aproximou-se-lhe com grande ternura, estreitou-a nos braços e beijou-a. Nesse momento, entraram as duas irmãs, todas enfeitadas e trajando os vestidos mais ricos. Quando souberam que o belo e garboso Miguel, que tanto haviam desdenhado, ia casar-se com a irmã mais nova, sairam correndo, loucas de ruiva. A mais velha afogou-se no poço e a segunda enforcou-se numa velha figueira.
A noite, ouviram bater na porta. Miguel foi abrir e deu com o diabo na sua casaca verde, que lhe disse:
- Não fiz tão mau negócio. Perdi a tua alma mas, em compensação, ganhei duas.